La playlist VIP par Cyril Mokaiesh

Cyril Mokaiesh - Crédit : Vincent Pesci

Après une expérience en groupe c’est en solo que Cyril Mokaiesh se révèle. En discutant de ses goûts musicaux on voit l’importance et l’influence de ses pairs de la chanson française. Il en ressort un vrai amour des textes et un côté révolté mais pas seulement… Son album « Du Rouge et des passions » figure pour moi dans le top 10 des meilleurs albums de l’année. Il est d’ailleurs en lice pour remporter le prix Constantin 2011. C’est tout ce que je lui souhaite.

La playlist VIP :

  • « Ton Style » – Léo Ferré : C’est une chanson d’amour bien pimentée. Où il dit « Ton style c’est ton cul ». Et à la fin il se livre « Mais quand la lumière meurt, ton style c’est ton coeur ». Il sort un peu de son personnage. Cette chanson c’est de la poésie pure que je trouve magnifique. Une chanson d’amour exemplaire.

  • « Il n’y a plus rien » – Léo Ferré : C’est un exercice de style où il parle pendant douze minutes. ça m’a vachement marqué il y a quelqeus années. Quand on rentre dans les chansons de Ferré on n’en sort jamais vraiment indemne. Il remet tout en cause, la société, le mariage, le monde du travail, la culture, les médias. ça me fout de sacrés frissons ce genre d’oeuvre. Ferré se projette comme un visionnaire poète et il termine en disant « Vous verrez dans 10000 ans nous aurons tout, les larmes qui couleront sur les yeux des filles … ». C’est magnifique.
  • « Utile » – Julien Clerc : Pour un peu plus de légèreté. Même si c’est un sublime texte d’Etienne Roda-Gil. Je crois qu’on cherche tous à être utile, moi le premier, chacun dans son domaine tous aussi respectables. Moi c’est la chanson. Et je suis bien content d’avoir choisi ça car sinon je sais pas ce que j’aurais fait de moi. La musique pour moi c’est une manière d’être utile. C’est une chanson importante donc.
  • « Foule Sentimentale » – Alain Souchon : C’est plus pop. J’aime bien l’idée plus positive, plus claire qu’on est tous des foules sentimentales après tout. En ce moment on est dans notre période de culture un peu cleenex où on nous dit que les gens sont friands de conneries… C’est pas vrai les gens ils prennent ce qu’on leur donne car il faut bien s’occuper. Mais je crois qu’il y a une petite regression de la pensée actuellement. C’est mon ressenti. Et je crois qu’on demande au contraire qu’à progresser.
  • « Mathilde » – Jacques Brel : Brel pour moi c’est un rocker. Quand il déclame comme ça. On a tous vécu ça, le poison d’amour qui nous pollue les veines. Et on aimerait bien s’en écarter. Mais c’est plus fort que nous. « Mes amis je crache au ciel encore une fois ». C’est des sentiments d’impuissance que j’aime bien. C’est des fragilités de l’être humain que j’aime bien. J’aime tout ces auteurs qui sont des amoureux de l’homme et de ses failles. C’est ce que j’aime dans l’écriture en général, mettre en avant les failles, nos propres failles et celles des autres. C’est ce qui fait qu’on se ressemble aussi.
  • « Dis, quand reviendras-tu ? » – Barbara : C’est sublime de simplicité. Finalement ce qu’il y a de plus dur en chanson c’est peut-être d’arriver à avoir tellement expérimenté de choses que finalement on en revient à l’essentiel. Barbara était l’exemple même de celle qui arrive à tout condenser en 2 minutes. Il n’y a pas une chanson de Barbara qui dure plus de 3’3O. Et pourtant tout est dit et tout est concentré avec des mots très simples. Tout le monde se reconnaît dans les paroles de cette chanson. C’est des belles performances aussi sur scène.
  • « Parce-que » – Charles Aznavour : Elle a été reprise par Gainsbourg dans un jeu télévisé en piano voix. On ne sait pas à qui il s’adresse. Mais c’est une chanson sublime. C’est un mec qui est complètement possédé par une jeune fille en fleur. Et je l’ai peut-être un peu vécu aussi.
    « Que tu croques la vie comme en un fruit vermeil
    Que l’on cueille en riant
    Tu te crois tout permis et n’en fait qu’à ta tête
    Désolée un instant prête à recommencer »
    C’est le lâcher prise. C’est des sentiments amoureux forts, presque de la dépendance. C’est des jeux dangereux. C’est ce qui m’anime aussi, l’excès.
  • « Paranoid Android » – Radiohead : Leurs chansons m’ont vachement accompagné. C’est des voyages musicaux, des délires psychédéliques. Musicalement cette chanson c’est le langage des notes, c’est plus le langage des mots. Je ne suis pas spécialiste de la langue anglaise. Mais ce que j’en ressens des textes de Thom Yorke, c’est que ça a l’air d’être de la poésie aussi. C’est vraiment des bribes de pensées ou d’humeurs ou d’états d’âmes. A mon avis il n’y a rien de très cohérent. Musicalement c’est là que se passe l’émotion et dans la voix. C’est un groupe aussi qui me fait du bien.
  • « Les passantes » – Georges Brassens : Il fait l’ôde de tout ses émois amoureux et il rend hommage à ses conquêtes ou à celles qui l’ont rendu victime. C’est une belle déclaration et une belle mise en valeur de la femme.
  • « L’eau à la bouche », « La femme des uns sous le corps des autres » – Serge Gainsbourg : J’aime aussi son côté dandy, provoc’, presque insolent. Et l’insolence est aussi dans « L’eau à la bouche ». Musicalement ce côté jazz/chanson presque piano bar me touchait beaucoup plus que quand c’était trop produit, très Gainsbarre.
  • « Avec elégance » – Jacques Brel : C’est une chanson de son dernier album qu’il n’a pas jouée sur scène. C’est une chanson qui parle du début de la vieillesse. Je vis pas encore cette période là. « Lire dans les yeux des ravissantes / Que cinquante ans, c’est la province » Je pense que pour tout homme il y a quelque chose de difficile, de se sentir que l’on se retrouve hors compétition à partir d’un certain âge. Et je redoute ça. Brel dit qu’à partir d’un certain moment tu croises des mecs dans la rue et tu lis dans leur regard de la bienveillance, il n’y a plus de concurrence. Et je trouve qu’il en parle bien. Il gardait sa dignité.

Le clip « Communiste » :

Cyril Mokaiesh sur le web :

Son site officiel

Concerts :

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