La playlist VIP par Bastien Lucas

Bastien Lucas - Crédit : Remi Coignard Friedman

Bastien Lucas. J’ai découvert ce berrichon lors d’une folle aventure autour de reprises de Daran. La découverte d’abord d’une voix et d’un arrangement de chanson qui m’a plu immédiatement. S’en est suivi la rencontre d’amis et d’une envie de musicien de grandir. Car Bastien je l’ai vu grandir au fil des années et des concerts parisiens. Et puis il a su bien s’entourer… lors de son premier album produit et réalisé par Gabriel Yacoub. Et quelques années plus tard c’est tout naturellement que son deuxième album est réalisé par un certain Daran. Ce musicien formé au conservatoire a su sortir de ce rang pour aller vers la pop française avec une écriture qui en rendrait jaloux plus d’un. L’EP « L’autre bout du globe » vient de sortir pour nous faire patienter jusqu’à l’opus complet.
 

La playlist VIP :

  • « Carte postale » – Francis Cabrel : C’est une chanson sublime sur tout ce que la télévision a pu détruire. C’est une chanson assez ancienne, mais c’est comme si sa vérité devenait de plus en plus juste et pertinente. C’est ce qui est très fort. C’est bien avant les tubes. J’ai une préférence pour la version du Sarbacane Tour, jouée avec deux guitares. Un super solo de guitare à la fin. Car sinon elle a un peu vieillit.

  • « Hymn » – Duncan Sheik : C’est un artiste majeur pour moi. C’est un américain peu connu en France. J’adore tout. Son côté pop, très fm, tube parfois et de temps en temps une musique beaucoup plus expérimental, contemplative, aérienne. Et le point commun à tout ça, c’est qu’il y a des arrangements de cordes superbes. Dans cette chanson Hymn on entend tout ça, la qualité de son, la qualité des harmonies, l’arrangement des cordes avec une coda à la fin vraiment belle. Ca fait plus de 15 ans que j’écoute ses albums, mais j’ai mis longtemps à le voir en vrai car il venait jamais en Europe. Et la première fois où je l’ai rencontré je lui ai donné mon disque. Et il m’a renvoyé un commentaire très enthousiaste et très flatteur. Depuis on reste un peu en contact. Et en décembre dernier il a joué à Londres et je faisais parti de ses musiciens. C’était assez incroyable d’être sur scène pour jouer ces chansons que j’écoute depuis tant de temps. A cette occasion j’ai rencontré son batteur qui est le batteur de Suzanne Véga et je l’ai invité à jouer sur mon disque. J’en suis très fier.
  • « J’sais pas où t’es parti » – Mathieu Boogaerts : C’est un artiste français au dessus du lot pour moi. Je l’ai découvert grâce au Printemps de Bourges en 1996 pour son premier album. A la médiathèque ils achetaient tous les disques des artistes programmés. Je l’ai écouté et c’est une vraie claque au niveau du son. C’est un ovni. Des synthés qui avaient l’air sortis de jeux électroniques et des paroles susurrées, légères vraiment belles. J’avais pas réussi à motiver mes parents pour venir le voir à Bourges car j’habitais à 50kms. Et ce n’est qu’en 2002 que j’ai pris une deuxième claque. Car sur scène c’est un mec extra. Il a tout ce que je trouve génial pour un artiste. Une spontanéité. Il réagit à tout ce qui se passe sur le moment. Il essaye tout, il s’interdit rien. Alors que les disques sont plutôt calmes, ses concerts sont à la fois doux et pas du tout calme. ça groove sans arrêt. Je lui envie tout ça. Cette chanson résume son style, car les phrases sont très simples. J’aime bien ce genre d’émotions.
  • « Pas peur » – Daran : En 1994 il m’a mis une grosse claque avec le titre « Dormir dehors ». J’étais en vacances chez ma grand mère. Et j’ai été surpris car j’avais jamais entendu un chanteur français envoyer comme ça pour moi qui sortait de Cabrel. C’était une autre forme d’énergie. ça m’a ouvert vers des choses plus rock. Je trouve la chanson « Pas peur » vraiment sublime dans le texte. au fil de sa carrière il est arrivé à quelque chose de plus en plus dense. Chaque phrase pèse lourd. Il ne compte plus que sur le gros son pour envoyer du lourd. Et j’ai bien sûr un souvenir ému de la chanson « Extrême » qui m’a permis de rencontrer plein de gens géniaux avec qui je continue de vivre de supers moments. Elle a un peu lancé publiquement mes chansons. Car j’ai osé les sortirs de ma chambre qu’après cette expérience des Daran Awards où j’ai repris « Extrême » et je suis monté sur scène avec Daran. C’était une histoire de fou. Mon bonheur dans la musique c’est de me retrouver à côté de gens aussi géniaux juste parce que je fais de la musique.
  • « Our mutual friend » – The Divine Comedy : Neil Hannon a représenté longtemps mon idéal dans ce que j’essayais de faire. Une synthèse de musique classique et de pop. Il a une écriture vraiment raffinée et une connaissance de tous les styles de musique. C’est ce que j’aime dans sa discographie. Il touche à tous les styles de manière souvent orchestrale. Et à chaque fois ça marche. Cette chanson avec sa musique un peu répétitive me touche. C’est aussi une histoire que j’invite les francophones à essayer de comprendre. C’est une vraie scène de film. Finalement ça m’a peut-être inspiré pour ma chanson « Cliché ». Et il a une voix extraordinaire. Il m’intéresse vraiment pour sa capacité de changer d’un disque à l’autre. Je vis vraiment la musique comme ça. C’est à dire que je m’attache aux gens et je les suis dans leur musique. Et c’est intéressant car une chanson écrite par quelqu’un d’autre dans ce style musical là ne m’aurait pas forcément plu.
  • « Babel » – Gabriel Yacoub : Je l’ai découvert grâce au Printemps de Bourges. Il était venu en 1996 présenter son album 4. C’est un album génial au niveau de l’orchestration. Il était produit par Boucherie Prod à l’époque. Ils avaient mis le paquet. Quand tu l’écoutes tu as l’impression qu’il y a 50 personnes. C’est une grosse claque. Je connais pas du tout le milieu trad/folk. Mais Gabriel Yacoub sur ses albums solos, en dehors de Malicorne, a cette écriture intemporelle. Il mélange des textes trad avec des textes à lui, sur le même ton. Et on ne sait plus quand ça a été écrit. C’est un espèce de traité de philosophie en une chanson que je trouve très fort, très puissant. Le son de cette chanson est une tuerie dès l’intro. ça fait parti des thèmes qui me touchent beaucoup en ce moment. Babel comme métaphore de la mondialisation. Tout le monde commence à parler la même langue. Différement d’avec une tour mais avec les médias. Et j’ai là aussi eu le bonheur de travailler avec lui sur mon premier album qu’il a produit.
  • « Lune de lait » – Les innocents : Ce groupe est la preuve que la pop française existe. Ils ont vraiment ce don de faire à la foi des chansons à l’anglaise dans leur construction et en même temps quand on regarde les textes il y a beaucoup de choses à en tirer. ça ne fait pas chanson. Je ne sais pas d’où vient cette nuance. Il y a ce côté léger, très fondu dans la musique et non pas trop saillant. On a une impression de fluidité, de fusion du texte et de la musique. Cela m’inspire beaucoup aussi.
    Cette chanson est sortie en 96 et c’est le moment où je m’ouvre un peu à autre chose que Cabrel. Je commençais à écrire mes premières chansons. Et j’avais une suite d’accords qui ressemblait beaucoup à cette chanson. Mais ils le faisaient beaucoup mieux que moi. Je n’ai jamais fini la chanson par la suite. Donc à chaque fois que je réentends cette chanson je repense à mon idée de chanson de l’époque. ça me touche. Et je ne comprenais pas trop encore les paroles. Et aujourd’hui elle me parle très fort. C’est marrant de se dire qu’on chantait par coeur des paroles qu’on ne comprenait pas trop et qui nous parlent maintenant.
  • « For what it’s worth » – The Cardigans : J’ai découvert un peu comme tout le monde avec Love full. Mais je n’aime pas en rester au single. Et j’ai été agréablement surpris par le reste de l’album. C’est un groupe de très bonne pop. Je les ai vus plusieurs fois en concert. Et à chaque fois je suis bluffé par la clarté de leur concert. Le guitariste notamment. Car c’est une des rares qui ne se cache pas derrière des effets. Là il est tout le temps très mis à nu avec des petits riffs. J’aime bien ce côté de se mettre en danger. Pas jouer uniquement sur l’énergie, faire attention à la jolie musique soignée. C’est de la pop de bonne facture. C’est les héritiers d’Abba. Les suédois qui savent faire de la bonne chanson pop qui agresse pas. ça m’inspire. Car j’ai tendance à faire un peu compliqué dans mon écriture. Et eux me poussent à simplifier, à ne pas en mettre des tonnes.
  • « Ruht wohl (La passion selon Saint Jean) » – JS Bach : La musique classique est quand même la moitié de ce que j’écoute dans ma vie. Car j’essaye de ne pas trop écouter de chanson pour ne pas me nourrir trop de choses similaires à ce que je fais. J’aime mieux écouter de la musique différente. Mathieu Boogaerts je vais beaucoup le voir en concert mais j’écoute peu ses disques par exemple. J’ai choisi Bach. On a chanté ce morceau avec le choeur de la Sorbonne quand j’y étais. Et c’était magique de chanter cette musique à 100. C’était au cirque d’hiver. Et la tradition protestante veut que l’assemblée chante aussi certains passages. Donc les volontaires étaient amenés à chanter avec nous. Et c’est un souvenir magique. La musique est tellement belle que je ne désespère pas d’en faire quelque chose.
  • « Speak » – Nickel Creek (Chris Thile / Sean Watkins / Sara Watkins) : J’adore ces trois artistes. J’invite vraiment les gens à aller écouter leurs projets solos respectifs. Chris Thile est un virtuose de la mandoline. C’est que de la bonne musique. Ils viennent du blue grass que je n’écoute pas trop. ça parle plutôt aux américains de la campagne. Mais eux avec leur jeunesse et leur esprit pop ils en font de la pop song acoustique. Sans batterie il y a une pêche incroyable. Cette chanson n’est pas trop rock. Mais il y a un groove ! Le clip est super joli. Ils démontrent leur esprit de groupe en chantant à 3. C’est un vrai groupe sans leader. Instrumentalement ce sont des virtuoses donc ils peuvent se permettre plein de choses. On peut écouter des morceaux avec des solos de fou mais aussi des chansons lentes sans démonstration. C’est une des grandes qualité d’un musicien de savoir en faire peu et rester simple. Je le garde en tête régulièrement. Quand c’est joli on n’a pas besoin d’en faire plus.

Le clip « Cliché » :

« Comme à la guerre » :

Bastien Lucas sur le web :

Le site officiel

Concerts :

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