La playlist VIP par Marvin Jouno

Marvin Jouno - Crédit : Silvia Grav
Ce jeune auteur, compositeur breton qui a grandi en région parisienne est un touche à tout. 2016 a été pour lui une excellente année car ce fût l’année de son premier album « Intérieur nuit » la BO de son court métrage du même nom, mais aussi l’année de ses premières scènes remarquées. Comme au printemps de Bourges où il m’a révélé ses coups de coeur du moment. « Je voulais que ma playlist parte dans tous les sens car j’écoute plein de trucs différents. »

 

La playlist VIP :

  • « Porno » – Arcade Fire : J’ai passé tellement de temps ces 9 derniers mois à écouter l’album « Reflektor ». Il y a peu d’albums que j’écoute autant par an. Je fonctionne un peu comme ça. J’ai un rapport assez exclusif à la musique. Je passe même des demi journées entières à écouter une chanson en boucle pour me mettre dans une ambiance pour écrire ou marcher. Cette chanson est dans la BO de « Her » le film de Spike Jonze. Il y a plusieurs lectures possibles. Et cet arpègiator me plaît beaucoup. Et le titre est improbable. Pourquoi l’appeler comme ça ?! Pour qu’elle finisse dans une playlist [rires]
  • « A forest » – The Cure : J’ai toujours aimé ce groupe et le coldwave 80’s anglais. J’ai un souvenir de danse à 3h du matin aux bains douches pour un anniversaire lors d’un DJ set de The Shoes. Leurs DJ set sont exceptionnels. On dansait avec mon meilleur ami Angelo qui m’accompagne sur scène. On s’en souviendra à vie. C’était une version longue de neuf minutes. Et j’ai l’impression qu’elle a duré deux heures. Bon souvenir de soirée.
  • « On the sea » – Beach House : On a un jeu avec Agnès et Angelo c’est de choisir quelle chanson passera à notre enterrement. ça semble glauque. Mais cette chanson m’évoque ça. J’aimerais qu’on l’écoute à mon enterrement. C’est improbable. Mais Marvin c’est l’ami de la mer. Donc la boucle est bouclée. Cette chanson a un potentiel émotionnel fort. C’est du grand tragique comme sait le faire Beach House.
  • « On the nature of daylight » – Max Richter : C’est un compositeur classique allemand mais plutôt contemporain. C’est un morceau très triste que j’écoute beaucoup en ce moment. Il m’a permis de faire la BO du film « Intérieur Nuit ». J’ai l’impression que c’est le titre le plus triste de la planète. Je ne sais pas si quand tu es triste c’est bien de l’écouter. Mais je le trouve très beau.
  • « The Hills » – The Weeknd : C’est sur le fil. C’est de la grande pop internationale. C’est un tube avec des millions de vues. Et pour autant je trouve le refrain irrésistible. Il te reste en tête pendant des jours et des jours. J’ai ce rapport à la musique. Un refrain qui se retient c’est quelque chose d’incroyable. On est tous entrain un peu de chercher ça malgré tout.
  • « No Peace » – Aldous Harding : J’ai passé beaucoup de temps avec son album. C’est de la folk très épurée. Sa voix est incroyable. Il y a un truc désarmant. Même sur ses visuels elle s’en fout de tout, c’est à l’arrache. C’est désarmant d’avoir autant d’humilité car il n’y a rien. C’est l’opposé complet de The Weeknd ou Arcade Fire. Il y a très peu d’arrangements. Je ne pourrais jamais faire comme elle avec aussi peu d’arrangements.
  • « Johnny And Mary » – Todd Terje feat. Bryan Ferry : Un morceau que j’écoute beaucoup en ce moment dans cette boucle que je me créé pour me faire des BOs. C’est un standard des années 80. L’interprétation de Bryan Ferry est assez dingue avec une voix basse. Il a beaucoup de souffle avec peu d’efforts. Le travail de Todd Terje avec les arpegiators est incroyable. C’est plânant. On peut faire ce que l’on veut dessus. J’adore.
  • « Love like a sunset » – Phoenix : C’est la plage instrumentale qui dure 4/5 minutes. C’est la BO ultime. On peut se faire tous les films que l’on veut sur cette musique. C’est une grande montée. J’adore cet album qui n’a pas vieilli et ne vieillira pas. Ce morceau est un interlude après 4 chansons. Et il permet à l’album de se réveiller sur une deuxième phase. C’est pas équilibré. Ce n’est pas au milieu de l’album. C’est hyper intéressant. Je suis un grand fan de Phoenix.
  • « All my friends » – LCD Soundsystem : Je vais avoir beaucoup plus de mal. J’aime beaucoup leur côté faussement punk newyorkais. Il y a une énergie folle dans cette chanson. Il y a une version live dans une radio américaine qui est pas en place du tout. Mais il y a l’énergie. James Murphy a participé aussi à l’album d’Arcade Fire. Il y a cette famille américano-canadienne qui fait ce qu’elle a envie de faire tout le temps, qui se réinvente à chaque fois.
  • « Can’t do without you » – Caribou : Rien que pour le titre déjà. Ce morceau donne envie de danser, mais son titre est à l’opposé. Il amène une tristesse, une mélancolie et une profondeur à ce truc dansant. On arrive à cette formulation de danser en pleurant qui me plaît assez. Cette chanson est une lumière, une lucarne joyeuse, dansante. C’est bien foutu. J’aime bien les paradoxes.
  • « Dangereuse » – Christophe : J’ai pris une grosse claque avec ce morceau. En deux écoutes il est devenu un monument de mon panthéon personnel de la chanson française, au même titre que « La nuit je mens » de Bashung, « Le courage des oiseaux » de Dominique A, « L’ouverture » de Daho. Celle de Christophe est donc venue s’ajouter à mon top 5. Que je ne complète pas. Je réfléchirai à la cinquième. Cette chanson m’a donc mis une claque par l’écriture des cordes, par ses paroles. Je n’ai pas tout compris de quoi il parlait, mais ça me touche. Par exemple pour « La nuit je mens » il a fallu que j’écoute une interview de Jean Fauque pour la comprendre. On peut me reprocher souvent que mes chansons ne sont pas toujours claires. Je fais des efforts pour raconter des histoires narratives. Mais c’est bien de brouiller les propos. Je trouve que ce flou permet aux gens de s’accaparer la chanson aussi. Quand c’est trop fluide ça devient bête.

Le clip « Quitte à me quitter » :

Marvin Jouno sur le web :

Le site officiel

Concerts :

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Retrouvez cette playlist dans le numéro de février 2017 de Francofans