A l’occasion de la sortie de l’album « Courchevel » (Pias) j’ai rencontré le chanteur berrichon, Florent Marchet.
Il a eu la gentillesse de se prêter à un petit exercice. Il nous dévoile les chansons qui ont marqué sa vie et qui ont influencé son travail d’artiste.
Découvrez en exclusivité son univers musical :
- « Comme à Ostende » – Léo Ferré : « Cette chanson m’avait marqué car c’est l’une des première fois ou j’ai ressenti des sensations physiques à l’écoute d’un texte. Et j’ai pris conscience de la dimension physique vraiment des mots. »
- « Fanstaisie impromptue » – Chopin : « C’est un morceau à la fois très technique, très rapide et en même temps d’une grande mélancolie. Et c’est très difficile d’allier les deux. Souvent on a l’impression que la mélancolie c’est quelque chose de lent. Donc ça ça m’a beaucoup bouleversé. J’écoutais énormément de musique on va dire romantique. J’aime pas le mot car y’a un côté un peu fleur bleue. C’est la musique dans la période classique qu’on appelle romantique. On appelait ça romantique car les gens étaient très torturés, très malheureux jusqu’à en mourir. Et ça me plaisait beaucoup dans la musique romantique car j’aimais beaucoup pleurer. Je trouvais ça assez chouette. Il y a beaucoup d’acteurs qui avant de jouer une scène écoutent de la musique. Je pense à Johnny Deep, il a un secret, il a un DJ qui lui passe de la musique. C’est pas con. »
- « Sweet Adeline » – Elliott Smith : « La première fois que j’ai écouté un album d’Elliott Smith j’étais chez un ami. Et je découvre ça. C’est à l’époque où on a avait pas de quoi copier un cd. Il fallait aller à la Fnac, c’était compliqué. Il n’y a rien de pire que d’écouter un morceau en se disant c’est pour moi il me le faut et de rentrer chez soi bredouille sans l’avoir. Aujourd’hui avec deux coups de clics on peut le charger. C’est assez magique. Mais ça rends les choses beaucoup moins précieuses quand même. Avant tu devais attendre deux jours comme ça avant de le réécouter. C’était douloureux et délicieux à la fois. »
- « Day Is Done » – Nick Drake : « Même effet. Ce jour là j’ai volé le cd et je suis rentré avec. C’est un chanteur des années 70. J’y peux rien c’est que des chanteurs qui se sont suicidé. Mais c’était deux chanteurs qui étaient assez torturés et qui moi m’ont marqué. Parce que leur mélancolie me touchait beaucoup, sans jamais tomber dans l’affect dans le pathos. Quelque chose sur le fil comme ça à chaque fois. Et je trouve ça très très beau. ça fait parti de mes grands classiques. »
- « I Fought In A War » – Belle and Sebastian : « C’est une chanson qui m’a beaucoup marqué car c’est à la fois très mélancolique et faussement léger. Avec tout l’esthétique des années 70 aussi qui me plaît beaucoup. Avec de grandes reverbes comme ça. C’est très théâtral, romanesque. «
- « ça sent le brûlé » – Miossec : « C’est une chanson sur l’album « Baiser ». C’est pareil elle a une dimension très physique des mots que j’aime beaucoup chez Miossec. Elle m’a rassuré sur le fait que c’était encore possible à une époque où la chanson devenait de plus en plus aseptisée, très très lisse. Et tout d’un coup c’était très rugueux et donc ça m’a beaucoup parlé. Un peu avant mon premier album on se croisait assez souvent. Au moment de l’enregistrer c’est lui qui est venu me voir en me disant : y’a pas quelque chose à me faire faire ? J’étais super flatté. J’avais presque honte. C’est pour ça que j’ai même pas communiqué sur le fait qu’il participait. J’avais beaucoup de chance. Et je me sentais toujours illégitime. ça rend les collaborations hyper précieuses. J’ai toujours peur lorsque j’admire quelqu’un. Comme avec Philippe Katerine sur Rio Baril. »
- « Gare du Nord » – Philippe Katerine : « C’est une chanson qui m’a beaucoup bouleversé. ça a été pareil lorsque je l’ai fait venir à la maison. On se voyait beaucoup à l’époque. Mais en même temps c’est quelqu’un que j’admirais. Je l’admire toujours. «
- « Hi Life » – Syd Matters : « Leur deuxième album m’a beaucoup influencé pour Rio Baril notamment. «
- « Chicago » – Sufjan Stevens : « Tout comme Syd Matters c’est des groupes qui ont été de vraies balises pour moi. On ne sait pas pourquoi. Parfois on a des coups de cœurs on ne sait pas pourquoi. On écoute en boucle. Puis finalement on sait pourquoi. ça nous porte pendant tout un album. On a des références. Moi je me souviens, je faisais écouter au mixer de l’album, telle reverbe de Syd Matters. ça impliquait quelque fois des choses absurdes. Comme tu vois la caisse claire faut qu’elle ait le même timbre que tel morceau de Sufjan Stevens, parce que c’est quelque chose qui nous parle. Ou parce qu’on a l’impression d’aller un peu dans une esthétique proche, alors qu’on en est pas très souvent éloigné. Et il se trouve que quand je me suis aperçu que Jonathan des Sydmatters parlait beaucoup de Rio Baril, c’était étrange. Parce que c’est d’abord moi qui ai aimé. Et pas l’inverse. »
- « Virginie » ou « L’atelier » – François de Roubaix : « C’est une musique de documentaire ou de téléfilm pas très connu. Ce que j’aime chez François de Roubaix, c’est que à la fois c’est quelqu’un qui pouvait aussi bien travailler dans sa chambre ou avec un orchestre philharmonique, quelqu’un de complètement autonome. C’était un des pionniers aussi de la musique électronique. Et qui a utilisé la pub, les documentaires, le cinéma, l’audiovisuel en général, uniquement comme média pour sa musique. Qu’est ce qu’on retient de tout ces documentaires qu’on a oublié, ce sont les musiques de film. Je trouve ça assez chouette. C’est pas dévalorisant loin de là de travailler même pour de la pub, où on est libre. Il s’exprimait. Aujourd’hui c’est très différent, on a cassé complètement le travail de compositeur de musique de pub. Aujourd’hui c’est fait par des gens qui ne sont pas du tout mélomane. C’est des commandes. On donne tel ou tel type de musique parce qu’on est pas capable d’acheter les droits. Par exemple on te donne une chanson de U2 et on te dit tu me fais à peu près la même chose, mais ça ne doit pas être du plagiat mais à la limite. Alors qu’à l’époque y’avait une vraie personnalité, une vraie singularité. C’était vraiment intéressant. «
- « Perfect Day » – Lou Reed : « En fait j’ai découvert bien plus tard les musiques de mon adolescence. J’étais pas heureux dans mon adolescence, j’écoutais que du classique du jazz. Et après j’ai eu envie de m’ouvrir de pas écouter tout le temps la même chose. Et puis j’ai découvert toute la musique des années 60/70. On commence par les Beatles puis on se dit Oh lala y’a des trucs fantastiques. Et c’est simplement bien après que j’ai découvert qu’il y avait des choses fantastiques. Bien évidemment il y avait Jeff Buckley, mais c’était pas tout de suite. Mon frère avait ramené ça. Je lui avais dit c’est quoi cette merde. Je n’avais pas flashé sur le coup. J’avais pas envie d’écouter ça. Pareil pour Nirvana. Quand c’est des phénomènes ou tout le monde écoute on se dit c’est louche. Alors que comme on en parlait plus tôt c’est Marguerite Yourcenar, c’est le fameux malentendu. Au delà de tant de vente y’a un malentendu. Mais ce n’est pas grave. Evidemment quand tout le monde s’est mis à écouter Jeff Buckley le monde n’est pas devenu meilleur. Y’a eu un phénomène de mode. D’ici à ce qu’après avoir écouté Buckley on aille acheter un album d’Elliott Smith, c’est moins sûr. Voilà. »
Le clip « Benjamin » :
Florent Marchet sur le web :
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Concerts :
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