La playlist VIP par Presque Oui

Presque Oui

Mais qui se cache derrière Presque Oui ? C’est à la fois un picard, un virtuose de la guitare et un amoureux de la langue française qui s’amuse avec les mots dans ses chansons.
Ce qu’il écoute aurait-il façonné sa musique ?

Sa playlist VIP :

  • « Carcasse » – Anne Sylvestre : Une chanson de naissance, de vie et de mort. J’adore les chansons qui sont des chansons fresque, où on parcourt toute une vie. Elle est bouleversante, dans la mesure ou elle décrit toute l’évolution de l’âme et du corps. C’est l’âme qui parle au corps. Je conseille à tous de découvrir cette chanson fresque.
  • « Complainte » – Charles Trenet : Elle commence par une anecdote d’enfance de Charles Trenet. Et qui se termine par « J’étais seul sur les routes sans dire ni oui ni non. Mon âme s’est dissoute. La poussière était mon nom ». Là encore c’est une chanson fresque qui raconte toute une vie avec des images complètement surréalistes et des coqs à l’âne. Ce que je trouve super dans une chanson c’est quand il y a des ellipses. Comme dans les films quelquefois avec des fondus enchaînés. Et là c’est une chanson très cinématographique. ça me rappelle un rêve. Je me suis approprié cette chanson au point de la chanter sur scène.
  • « La Capitaine » – William Sheller : Elle est japonisante. Elle m’a inspiré pour une chanson « L’estampe » qui n’est pas encore enregistrée. Cette chanson s’inspire de l’histoire de Madame Butterfly avec Pitt Curton qui est le commandant du bateau qui met enceinte Mme Butterfly, une japonaise. Et qui s’en va. Elle a son enfant mais il lui est retiré. C’est un drame absolu. Le commandant revient. Elle se fait ara kiri. Dans toute la chanson cette ambiance est rendue. J’adore William Sheller.
  • « La Longue Danseuse » – Bertrand Belin : C’est dans l’album Porto. C’est une chanson qui m’a accompagnée à un moment particulier, car j’accompagnais moi même quelqu’un qui était sur la fin. Et cette chanson est ouverte. Un gars qui se demande où est parti sa longue danseuse. Il l’imagine dans une goëllette perdue dans les hautes mers, dans les banquises. Rien que le fait de se demander où est quelqu’un je trouve que c’est extrêmement émouvant. Par rapport à la mort. Ou sont passés les morts. On sait très bien qu’ils sont encore là quelque part. Tout ce que ça nourrit comme imaginaire de penser à eux. Bertrand Belin la chante plus dans l’aigu. Et j’aime bien cet aspect là. C’est un très très chouette chanteur.
  • « My Funny Valentine » – Chet Baker : Il y a deux phrases que j’adore à la fin de cette chanson
    « But don’t you change one hair for me
    Not if you care for me
    Stay little valentine stay
    Each day is valentines day ».
    En anglais ça sonne particulièrement bien. ça veut dire : Si tu tiens vraiment à moi ne change pas un cheveu pour moi. C’est une mélodie avec un cliché musical incroyable. Car on utilise tous cette descente. Par exemple dans « Michelle » des Beatles ou encore dans « Ah tu verras tu verras, tout recommencera tu verras tu verras… ». La voix de Chet Baker c’est quand même superbe. Une voix d’ange complètement cassée, enfin surtout vers la fin. Quand on sait son histoire à la fin c’est très émouvant. ça ressemble à un paradis perdu quand il chante.
  • « Aguas De Marco » – Joao Gilberto : C’est un album miraculeux qui date de 1973, mon année de naissance. Il est d’une économie de moyen assez stupéfiante. Il y a Joao Gilberto qui chante avec sa guitare 7 cordes. Il y a un mec qui joue des percus avec des balais sur un parquet. C’est comme ça que je l’imagine en tout cas. Et une chanteuse invitée dont j’ai oublié le nom. Et tout ça vit d’une façon incroyable. « Aguas De marco » donc les eaux de mars, c’est une chanson qui est très vaste qui parle de naissance, de renaissance, de création, de construction commune. Tout ça avec beaucoup d’images. Elle a été reprise aussi par Moustaki dans une très belle version. La traduction est très réussie. Mais la verson de Joao Gilberto est magnifique. Elle dure cinq minutes. Des moments de décalage rythmique imperceptibles, enfin qu’on perçoit mais qu’on n’intellectualise pas au moment où on les entend.
  • « River Man » – Nick Drake : C’est un chanteur qui a marqué beaucoup beaucoup de monde. Pour moi l’album « Five leaves left » et « Pink moon » ont été très importants. Cette chanson m’a vraiment habitée, hantée et nourrit peut être jusqu’à la fin de ma vie. Je ne sais même pas de quoi parle cette chanson. Mais il y a un climat incroyable et un arrangement de guitare qui sonne comme du givre. Je crois que je suis très très influencé par Nick Drake dans certaines de mes chansons comme dans « Peau neuve » évidemment et dans une chanson que j’ai écrite récemment et qui sortira plus tard « Sous la glace » et qui parle de givre aussi. J’ai été vraiment touché jusqu’à la moêlle par cette voix, par ces arrangements, cette simplicité. Et dans l’album « Pink moon » c’est guitare voix et je me dis qu’un de ces jours je le ferai.
  • « Lachrimae » – John Dowland : Compositeur de la période élisabethaine en angleterre. Il a écrit cette pavane des larmes qui est magnifique. ça a été chanté par Sting. Il y a des versions pour consorte de violes. C’est un ensemble de dessus de violes, donc de violes aigues. C’est l’ancêtre de l’orchestre à cordes. C’est une musique incroyablement triste. Le son des violes est comme une lamentation de saules pleureurs.
  • « C’est Dans Les Rêves » – Dick Annegarn : C’est une chanson de libération par rapport à la mère. Qui porte un message lumineux. La mère lâche son enfant. C’est dans un inconnu très sombre dans lequel on navigue à vue. Et en même temps dans le fait de le lâcher il y a quelque chose de magnifique. C’est ce que je comprends dans la chanson. Comme souvent chez Dick Annegarn il y a plein de lectures possibles. Et on sent à la fois le souffle de la vie, le cocon. Tout ça dans une seule chanson. Et des arrangements de Joseph Racaille qui sont fabuleux.

  • « La Saison Des Pleurs » – Alain Chamfort : Je vais finir par Alain Chamfort que je connaissais très mal. J’avais quelques airs en tête comme « Bambou ». Mais sur l’album « La plaisir » réalisé avec Sébastien Martel. Il n’a pas trop marché. Je ne comprends pas pourquoi. Pour moi c’est vraiment un chef d’oeuvre de l’égéreté, de sophistication en même temps. Chamfort il a vraiment cette classe d’être immédiat et en même temps on pourrait le réecouter des tonnes de fois. C’est une chanson toute simple. ça parle du renouveau du printemps. Mais à l’intérieur d’une maison l’hiver reste. Seulement parceque le mec est seul. Moi ça me transporte. Il y a des arrangements un peu datés. En fait chez Chamfort pour moi il y a quelque chose de daté de toute façon qui ne me dérange absolument pas. Il en parle d’ailleurs dans la chanson « Le grand retour »… un hasbeen superbe. Il se définit comme ça. Et puis plutôt admirateur de Sinatra que de chanteurs plus récents.

Live « Dansez » aux 3 baudets :

Presque Oui sur le web :

Son site officiel

Concerts :

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Retrouvez cette playlist dans le numéro 29 de Francofans :

Francofans - N°29 - Juin/Juillet 2011
Francofans - N°29 - Juin/Juillet 2011