La playlist VIP par Les Innocents

Les innocents

Après une longue période d’absence, JP Nataf et Jean-Chri Urbain, alias Les Innocents sont de retour pour une tournée de salles plus intimistes que par le passé. Rendez-vous pris dans un hôtel luxueux rochelais pour papoter avec eux de leurs influences musicales. Voici donc la playlist VIP des Innocents très bavards…

La playlist VIP :

  • JC : « Lookin’ For Another Pure Love » Stevie Wonder : J’écoute ça depuis un moment. C’est là que j’ai aimé pour la première fois et vu à quoi pouvait servir un clavier Rhodes. C’était assez révolutionnaire. Il y a un solo incroyable joué par Jeff Beck. Sur le master la bande s’arrête à un moment et repart, dû à un montage. Je ne me suis jamais lassé de cette chanson. Quand j’écoute ça je suis comme dans un avion alors que j’ai peur en avion.
  • JP : « Drive my car » The Beatles : J’ai pris le disque comme un trésor dans la chambre de mes parents à 3 ans. Il n’y aurait rien eu sans ça. J’aime, la sauvagerie du riff de guitare, les harmonies vocales. Une chanson ou il y a juste une voix et une mélodie derrière ne me suffit pas. Il faut aussi que je puisse chanter des parties d’instruments après. Les deux chanteurs ont du coffre et une sauvagerie de la musique noire. Je suis un grand fan de soul, essence de la chanson pop. Quand je reécoute ce titre ça me fait le même effet qu’à 3 ans. C’est comme une bombe atomique. Y’a tout ce pourquoi je prends une guitare, un piano, je chante.
  • JC : « I Am a Rock » – Simon & Garfunkel : J’aime tellement le son que je me demande si j’écoute la chanson. La sonorité me rend dingue. Une prod parfaite. Le son de la guitare m’énerve tellement c’est magnifique.
  • JC : « Aguas De Marco » Jobim : Je l’aime sous toutes ses formes. Je peux l’écouter par des milliers d’interprètes. ça fait partie des chansons qui sont difficiles d’écorcher tellement elle est puissante.
  • JP : « Sorabaya Johnny » Kurt Weill : Le texte me bouleverse. C’est le prototype de tout ce qu’ont pu faire Piaf, Frehel après. Quand Kurt Weill quitte l’Allemagne et arrive à Broadway, la musique classique est influencée par le jazz et devient populaire. Je ne comprends pas assez la musique classique ou le jazz. Mais sa forme chanson fait que je la comprends. Dans un format chanson je supporte que ce soit sophistiqué. Et pourtant c’est très savant comme chanson. Elle me donne envie de faire de la musicologie.
  • JP : « West side story » Bernstein : C’est entre la pop et le classique. Car c’est au format chanson et ça dit quelque chose. C’était un western musical quand j’était gamin. Je l’ai écouté en boucle de 6 à 9 ans. Je connaissais par coeur. J’ai appris l’anglais avec ça. J’aimais la complémentarité entre des chansons cool, les chansons un peu rigolotes et des chansons d’opéra. J’ai baigné là dedans. Pour moi la pop c’est un format. C’est quand on arrive à faire rentrer autant de bouts mélodiques, de mots, de flash en 4/5 minutes.
  • JC : « Madame rêve » Alain Bashung : C’est la chanson la plus sexy que je connaisse. Elle me fait penser à « Nature boy » de Nat King Cole mais aussi à Debussy. C’est incroyable qu’elle arrive seulement maintenant. C’est tellement évident. Chacun arrive à y trouver sa subtilité de sentiments à lui. Peut-être qu’un jour on atteindra ça. C’est d’une pureté, d’une vérité.
  • JP : « Pauvre Martin » Georges Brassens : J’aime pas la chanson française comme étant un genre. Il me semble logique de chanter dans sa langue. Mais en quoi ça me rapproche de quelqu’un d’autre qui chante dans la même langue. Je me sens beaucoup plus proche de gens qui habitent à 8000 kms que de français. Peu d’artistes français m’ont mis sur les rails en me montrant comment se servir de cette langue. Brassens je l’aime en bloc, contrairement au côté cabotin de Brel qui me fatigue. Ferré part un peu au delà de mes préoccupations. Dans une langue étrangère c’est facile de fantasmer. Alors qu’en français le choix d’un mot est très important. Chez Brassens il n’y a pas un moment où il me laisse sur le carreau. C’est un grand poète. C’est très nourrit, très brillant. Il a voulu ici faire une chanson folk à la manière de Dylan ou Woody Guthrie. Très peu de phrases mais qui vous plantent un poignard dans le coeur et avec une économie de mots qui me touche à chaque fois.
  • JC : « Les poèmes de Michelle » Teri Moise : La chanson est sublime, d’une finesse. Un petit côté R’N’B en français qui naît. Cette chanson a tendance à nous faire couler les yeux. Je n’aime pas qu’on me guide dans le dur. Mais malgré tout je l’aime. J’espère qu’on l’écoutera encore longtemps sur les radios cette grande chanson.
    JP : « Voilà l’été » Négresses Vertes : J’ai jamais été convaincu par le rock français, même si on a pu emprunter un peu le même chemin. J’ai rarement trouvé une chanson dont les Newyorkais auraient pu dire waw je vais acheter le disque. Sauf ce groupe qui a été le premier à avoir l’énergie du rock au sens large. Il y a du Maurice Chevalier mais aussi du Clash, des Specials, du Raï, de la rumba dans leur musique sans que ce soit fabriqué. Chaque fois que je les ai vu sur scène j’ai eu envie de jouer dans ce groupe. J’avais le même sentiment que quand j’avais 14 ans dans un concert et que je me disais « C’est ça que je veux faire ». Helno chantait comme un chanteur sans âge. Sans sa disparition ils auraient pu avoir une carrière internationale. C’est une chanson de saison qui ne vieillit pas du tout.
  • JP : « Follow The Leader » Eric B. & Rakim : C’est du rap de 1986. J’adore le rap. C’est la musique la plus intéressante depuis la soul. C’est novateur. En France la manière dont les gamins s’approprient ce style fait du bien à la chanson française. Mes fils sont très fans de la nouvelle scène 1995, Oxmo Puccino, Disiz etc… Ce ne sont pas forcément mes préoccupations, mais ils jouent avec la langue avec les allitérations etc… Par moment je suis scotché des fulgurances, des jeux sur la sonorité.

Le clip « Dentelle » :

https://www.youtube.com/watch?v=Q2hYQ6T_PI0

Les Innocents sur le web :

Le site officiel

Concerts :

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Retrouvez cette playlist dans le numéro 49 du magazine Francofans
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