La playlist VIP par The Hyènes

The Hyènes - photo Mélanie Torok

Huit ans après « Peace & loud », The Hyènes est de retour avec « Verdure », son troisième opus. Emmené par l’ancien batteur de Noir Désir, Denis Barthe, le quator continue de proposer des paroles conscientes sur du bon gros rock.Salvateur ! Voici leur playlist idéale.

La playlist VIP :

Vincent Bosler, guitare, voix

  • « Heroes » – David Bowie : La vache, ce que raconte Olivier réveille en moi un sacré souvenir. « Moi, Christiane F. …13 ans » Notre prof d’allemand nous avait amené voir le film dans un truc à Bordeaux, « le Salon Jaune », ça s’appelait, on avait vu le film et un concert, j’avais 11 ou 12 ans, pas plus. Du groupe je me rappelle juste que ça s’appelait « Ezcalator », ils étaient allemands, et aussi que le chanteur faisait des doigts d’honneur en chantant et que j’avais trouvé ça cool. Je faisais pas encore de musique à l’époque, je pense que j’avais mis peu avant fin aux cours de piano auxquels mes parents m’avaient inscrit. Et là ce morceau et la scène du film ou ils glissent tous défoncés dans les allées du centre commercial, et puis qu’ils finissent sur le toit de l’immeuble à côté du sigle Mercedes qui illumine Berlin à des kilomètres à la ronde. Quand je suis retourné à Berlin bien des années plus tard, je suis allé là-bas, seul. Europa Kaufzentrum. Plus rien à voir avec l’époque du film et je n’ai pas pu monter sur le toit bien sûr. Mais si une petite souris avait été là, elle aurait certainement vu une légère humidité au coin de mes yeux. On la reprenait avec Very Small Orchestra et The Hyènes parfois aussi, je n’en peux plus de la jouer mais pfff… quelle claque cette chanson, encore aujourd’hui.
  • « Hurt » – Johnny Cash : C’est une reprise et je kiffe à mort au point d’écouter toute la série « American I-VI » en boucle dans ma caisse. Sauf le disque II, trop variété et « Jesus Lord » etc beurk. La reprise est titanesque, t’arrache les larmes pour peu que tu l’écoutes à un moment ou tu es réceptif. Et c’est aussi ce morceau qui m’a fait réaliser après mes années à brailler dans les aigus qu’on pouvait faire passer beaucoup plus de choses dans la voix sans en faire des tonnes. Après ce serait difficile de trouver un morceau emblématique, mais ça a toujours trait à l’enfance, j’ai toujours en tête la sensation que me procurait les trucs que j’écoutais en allant prendre le bus pour le lycée, les Sex Pistols, Exploited « Troops of tomorrow », c’était déjà old school à mon âge mais c’est ce qui m’a donné envie de faire la musique, et surtout qu’on pouvait exprimer quelque chose sans avoir le bagage musical de Mozart.

Luc Robene, guitare

  • « Nuit et brouillard » – Jean Ferrat : Je me souviens de cette chanson probablement comme la plus marquante de mon enfance. J’aimais Jean Ferrat, sa voix grave et sa moustache. Une espèce de voix paternelle poétique. J’avais cinq ou six ans quand on écoutait cet artiste en famille et c’était devenu mon « favori ». Enfant je n’ai pas saisi immédiatement la portée de la chanson, sa gravité, l’horreur qu’elle décrivait, mais je crois que j’ai toujours ressenti en mon for intérieur une force, une poésie grave et majestueuse, quelque chose de sombre, de terrible et de grand à la fois, qui m’impressionnait terriblement. Encore aujourd’hui, quand j’écoute Nuit et Brouillard, une émotion intense m’étreint et je me dis que j’aurais aimé pouvoir écire comme ça ! Faire passer d’un trait de plume et de quelques notes une émotion si forte.
  • « La maison près de la fontaine » – Nino Ferrer : Ce morceau, c’était le morceau préféré de ma mère. Nino Ferrer. La maison près de la fontaine… Une étrange chanson, secrète, intime, un peu jazzy, très mélancolique, comme une plongée dans l’enfance du monde, à l’époque bénie des plaisirs simples et de la fraicheur. Il y quelque chose de magique dans les vers, dans la mélodie (l’album est extraordinaire). le reflet d’une époque qui ne fait encore qu’entrevoir le danger de la perte et du gâchis. Quelque chose de fragile : cette maison, couverte de vigne vierge et de toiles d’araignées… qui a fait place au supermarché, aux HLM, dans un monde qui sent l’hydrogène sulfuré. Voilà ces années 1970 écolo avant l’heure… J’aime à me dire que notre album Verdure est une des lignes de fuite de cette histoire… Parce que cette poésie désabusée de la Maison près de la fontaine, c’est aussi celle que décrit aujourd’hui très sensiblement Vincent Bosler lorsqu’il s’adresse à chacun d’entre nous : « Toi qui rêvais de verdure à perte de vue ».

Denis Barthe, batterie

  • « Won’t get fooled again » – The Who : J’ai toujours pris ce morceau en pleine gueule pour moi il y a dans cette chanson beaucoup de choses qui sont l’essence même du Rock. De l’intro grandiloquente au riff de guitare imparable en passant par la mélodie de Daltrey le texte qui évoque une certaine révolte et l’incroyable pont / solo de Keith Moon, tout cela sous le regard imperturbable et la basse « tonnerre » d’Entwisle… Bref un petit moment de génie.
  • « Dis, quand reviendras-tu ? » – Barbara : Cette chanson m’a toujours arrêté net dans ce que je faisais, je m’assois et j’écoute, elle me traverse comme un rayon de lune, ou comme une fine lame qui te blesse juste comme il faut. Peut-être que j’y associe aussi des choses personnelles, des gens disparus, des instants perdus, des absences douloureuses… J’ai eu la chance de passer quelques instants avec Barbara, nous n’avons pas parlé musique, nous avons parlé de la vie, j’ai eu la nette impression que son corps contenait toutes ses chansons, un peu comme une bibliothèque renfermerait des milliers de livres. C’était une femme incroyable.
  • « God only Knows » – The Beach Boys : Je peux l’écouter dix fois de rang. C’est un ovni dans sa composition ses arrangements, l’interprétation qui ressemble à une sorte de supplique céleste tout en étant d’une simplicité déconcertante. Le texte est très beau et dit l’essentiel :  » Dieu seul sait ce que je serais sans toi « 

Olivier Mathios, basse

  • « Heroes » – David Bowie : David BOWIE est en ce moment mon passe-temps favori. Je me noie dans sa discographie. Ce mec venait réellement d’une autre planète. En termes de créativité et de talent, il avait toujours plusieurs coups d’avance. J’ai le sentiment qu’à sa disparition, la musique a perdu ce qu’elle avait de meilleur.
    J’ai découvert Bowie en 1981 grâce au film allemand « Moi, Christiane F. … 13 ans » que j’ai vu au cinoche quand j’étais ado. Le film m’avait déjà bien fracassé, mais la B.O du film signée Bowie m’a littéralement renversé. Surtout quand résonnait « Helden », la version en allemand du mythique « Heroes » ou le titre « Look Back in Anger ». Dans le film, tout ça prenait une dimension surnaturelle. J’en ai encore les poils tellement j’étais ému. Je suis sorti du cinoche en pièces détachées. Voilà, c’est à ce moment précis que j’ai pris perpétuité avec Bowie.
  • « Je t’aime moi non plus » – Serge Gainsbourg : Parce que je suis depuis toujours accroc à l’oeuvre intégrale de Gainsbourg. Parce que ce chef d’oeuvre intemporel est pour moi, de loin, la plus grande et la plus belle chanson d’amour jamais posée sur un disque. Tout particulièrement la version avec Jane Birkin. Il faut quand même avoir des gaufres pour sortir un truc pareil ! C’est le propre des visionnaires, la chanson a fait le tour du monde. Ça date de 1969 et heureusement ! Car, quand j’écoute ce qui se dégage de « Je t’aime moi non plus », je me demande sincèrement si cette chanson aurait droit de citer si elle sortait aujourd’hui. Aussi monumentale soit-elle. Pour conclure et faire référence à mon statut de bête à quatre cordes, si j’étais une partie de basse, j’aimerais être celle-là. Dans l’entièreté. Ça s’appelle la perfection. Pour le son, la sensualité, le feeling, la beauté, le toucher ? Affirmatif. Et quoi d’autre ?

Le clip « Bègles » :

The Hyènes sur le web :

Le site officiel

Retrouvez cette playlist dans le numéro 86 du magazine Francofans.

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